Moulins (France) SÉCURITÉ ROUTIÈRE / Un congrès européen a réuni vingt-trois associations, hier, à Moulins / Les victimes de la route revendiquent / LA MONTAGNE, dimanche 30 octobre 2016
Les associations de victimes de la route, réunies hier à Moulins, veulent faire entendre leur voix. Elles réclament une alcoolémie limitée à 0,2 grammes pour tous les conducteurs et des sanctions plus sévères pour les chauffards…
PROPOSITIONS. Les associations participantes, très sensibilisées aux drames humains induits par les accidents de la route, remettront la synthèse de leur réflexion aux candidats à l’élection présidentielle et aux législatives. PHOTO D’ARCHIVES PHILIPPE BIGARD
Leïla Aberkane
Ils ont planché toute la journée. Vingt-trois associations françaises, belges, allemandes et italiennes de victimes de la route étaient réunies, hier, en congrès à Moulins. Elles ont élaboré des propositions qu’elles soumettront aux candidats aux élections présidentielle et législatives.
«Ça n’interdit pas de boire mais il ne faut pas conduire. C’est tout»
Créer un guide pour les familles. « Quand vous êtes touché par un drame de la route, vous vous retrouvez tout seul chez vous, complètement démuni », explique Patrick Brignon (association Tonyman en Charentes Maritime) qui a perdu son fils dans un accident en 2002. « Vous ne savez pas ce qu’il faut faire ». Une carence à réparer : « Il faudrait un guide où figureraient les informations principales : comment déposer plainte, se porter partie civile, prendre et choisir un avocat, les documents à demander à l’hôpital… Ce guide serait remis par le policier ou le gendarme à la famille de la victime à la première audition. Ce document serait neutre, émis par l’Etat ». Un taux d’alcoolémie limité à 0,2 grammes pour tous. Les associations réclament de ramener le taux d’alcoolémie autorisé à 0,2 grammes pour tous les automobilistes qu’ils soient jeunes conducteurs (leur taux est déjà limité à 0,2 grammes) ou conducteur expérimenté : « Nous disons qu’il ne faut pas boire. Ça n’interdit pas de boire mais il ne faut pas conduire. C’est tout », explique Jean-Luc Callebaut (association Marilou dans l’Oise). « Il faut aussi cesser l’hypocrisie, cesser de subir le lobby des alcooliers ».
Les représentants des associations réunies hier plaident aussi pour « une remise à plat de la politique de sécurité routière » qui passe en partie par les autoécoles. « Il faudrait rajouter un module de formation supplémentaire sur les risques et les grandes conséquences des petits excès d’alcool, des petits excès de vitesse. Il y a des choses à revoir ». Des sanctions « plus sévères » pour les chauffards. Les sanctions appliquées aux chauffards « ne sont pas assez sévères » ont affirmé hier les congressistes. « Les auteurs d’accidents qui ont deux circonstances aggravantes, alcool et vitesse par exemple, peuvent prendre deux ans de prison ferme mais la peine est aménagée avec le port d’un bracelet électronique. Ces chauffards vont très peu souvent en prison ». La situation est pire en Belgique confie Martine Maufort (association DavidCollin, à Bastogne) : « Les délits routiers sont totalement banalisés. Les peines sont moins sévères qu’en France et les victimes ne sont pas considérées. On se bat ».
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CHRISTINE JANS
Organisatrice du Congrès des victimes de la route à Moulins
Que vont devenir les revendications couchées sur le papier lors de ce congrès ?
On va profiter de la campagne électorale qui s’ouvre. On va les remettre aux candidats aux élections législatives et à la présidentielle.
Ce congrès qui a réuni 23 associations est-il l’embryon d’une fédération nationale des victimes de la route ?
C’est un souhait. Ce serait en tout cas l’idéal. Cela nous donnerait plus de visibilité et de poids. Il faut que l’on en parle.